Notre invitée : Nadiya Rytchok, graphiste ukrainienne

Je m’appelle Nadiya Rytchok, j’ai 24 ans. Je suis graphiste. J’habite et je travaille à Kyïv.

“C’est l’Ukraine et les Ukrainiens qui sont mes sources d’inspiration. »

Je suis UKRAINIENNE et le destin de mon peuple, son histoire, ses traditions et sa culture me sont très chers. C’est une source d’inspiration importante comme l’air que je respire . Mes travaux, pour la plupart sont en noir et blanc. Ce n’est pas parce que je n’aime pas la couleur, pour moi le graphisme est plus laconique, plus directe pour exprimer l’essentiel.

Il y a pas longtemps, j’ai terminé ma série « La Paternité ». Elle exprime ma vision d’un homme, d’un vrai : d’un père, d’un conjoint, d’un guerrier-défenseur. Loin de moi les prétentions à l’authenticité historique, c’est tout simplement ma propre vision, mon savoir et mon imagination. C’est le premier volet de cet oeuvre et je travaille en ce moment sur sa seconde partie « La Maternité ». Je voudrais ainsi rendre hommage aux valeurs humaines essentielles.

J’ai beaucoup aimé mon travail de fin d’études qui consistait à illustrer le projet du livre de Mariya Matios «Ce n’est presque jamais le contraire ». (pas publié pour instant).

Майже ніколи не навпакиIl parle de la vie d’une famille houtzoule au début du XX siècle. Les illustrations sont réalisées avec la technique d’encre et de plume (ce sont mes outils préférés). J’ai mis beaucoup de temps pour dessiner mes personnages, il y avait beaucoup d’essais, de croquis, j’ai épuisé mon entourage en le demandant de poser pour moi, d’exprimer certaines émotions. Ensuite je les ai comparées avec mes propres ressentis. Je suis allée exprès dans les Carpates. J’ai étudié, observé, discuté, dessiné. j’ai ouvert pour moi un autre monde, différent par rapport à celui que j’avais imaginé. C’est une expérience précieuse.

J’ai réalisé également en sépia et en aquarelle deux séries de portraits féminins et masculins dans les habits traditionnels, chacune comporte une quinzaine de tableaux. J’ai découvert qu’inconsciemment je leur ai attribué des traits de ressemblance avec mes amis ou des membres de ma famille.

Je fais également de la céramique et des sculptures en bois. Curieuse, j’aime toujours essayer des nouvelles techniques, des nouveaux matériaux ou même un nouveau domaine d’activité.

le 15 janvier 2014, Nadiya Rytchok pour EvaComInParis

Connaître mieux les oeuvres de : Nadiya Rychok

Lire en ukrainien: Знайомтися : Надія Ричок, український художник-ілюстратор

Plus d’exemples du graphisme ukrainien

Les Ukrainiens : entre Est et Ouest au Printemps Français à Lviv

vustavka_afishaAvez-vous remarqué que la distance et le temps s’efface avec des gens, des endroits, des choses qu’on aime ? A chaque fois quand je reçois une nouvelle de Lviv, mon coeur rebondi : « C’est ma ville ! »

En plus, cette fois-ci, je sais déjà que j’y serai au moment où Lviv fêtera son traditionnel Printemps Français et qu’un ami y présentera sa nouvelle exposition des photos !

Il s’appelle Cyril Horiszny, il est Français d’origine ukrainienne. Il est photojournaliste et depuis plus de 10 ans, il crée une poésie colorée en racontant les visages de l’Ukraine à travers ses images photographiques.

« Les Ukrainiens : entre Est et Ouest », ce sont des portraits de gens venant de tous les horizons.  Il n’y a pas de prétention ethnographique dans cet album. Cyril livre en toute subjectivité, une vision des Ukrainiens dans différents univers socio-culturels et professionnels. Une galerie de portraits à la fois si ressemblants et si différents. C’est un témoignage émotionnel sur l’identité à reconstruire d’une jeune nation et d’un pays qui n’a retrouvé sa liberté qu’il y a 22 ans.

La même règle est appliquée à toutes les images. Les sujets posent invariablement au centre … entre Est et Ouest.

Cette exposition aura lieu du 11 avril au 26 mai 2013 à la Galerie-restaurant « Hrouchevsky » au 28, Prospekt Chevchenka, Lviv, Ukraine.

Au plaisir de nos prochaines retrouvailles,

Julia LEV

Quelque mots sur le photographe, Cyril Horiszny

« Il voyage beaucoup et se forme en tant que photographe à Paris, à New York, à Moscou, au Canada et dans les Caraїbes mais il s’installe pour vivre en Ukraine, pays de ses grands-parents. Ce retour aux racines le mène à s’interroger sur son identité, sur l’âme d’une nation et ses réalités. Il le fait avec un regard mature et profond, aidé par sa double culture.

Attiré plus généralement par un espace post-soviétique à la fois complexe et varié, il fait des visages et des atmosphères de l’Est le leitmotiv de son œuvre photographique.

Il collabore avec la presse internationale (Le Monde, The Financial Times, Der Spiegel, VSD, Elle, Focus, La Croix…) et expose son travail dans des lieux de choix à Paris, Lyon, Madrid, Barcelone, Toronto, Stockholm, Berlin, Kiev…

Pour plus d’informations sur l’auteur : www.kyrylo.com

Les sculptures dansantes du Maître Pinsel au Louvre

On l’appelle le Michel-Ange ukrainien. Une exposition des oeuvres de Johann Georg Pinsel, un sculpteur du XVIII siècle de la Galicie sera présente au Louvre dès le 22 novembre 2012. La plupart de ses travaux se trouvent en Ukraine occidentale et dans les collections du monde entier.

On constate que plus la personne est intellectuellement ouverte et riche, plus elle reflète les traits de sa propre culture. Voilà pourquoi « un génie, du point de vue psychologique, est profondément national ».

En même temps, il existe des auteurs qui dépassent toutes les frontières et agissent dans un espace culturel humain global. Ce sont des personnes énigmatiques, qu’on considère « les siens » dans des cultures et des pays différents. Le paradoxe est que leurs noms ont été parfois oubliés durant des siècles entiers et qu’on les retrouve par hasard. C’est de cette manière que nous avons découvert le nom de Johann Pinsel, un des artistes européens les plus mystérieux. Ce sculpteur de Buczacz intéresse aujourd’hui le Louvre qui se prépare à exposer une trentaine d’oeuvres du Maître. D’après les experts en Histoire de l’Art, il n’existe pas en Europe des analogues de ses travaux.

« Le temps est venu de transcrire le nom de Johann Pinsel au partimoine de la culture mondiale » -nous dit Vira Stetzko, experte de l’Histoire de l’Art à Ternopil, qui étudie ses oeuvres depuis les années 80. Les chercheurs ayant retrouvé et rassemblé les oeuvres du Maître, ont constaté un dynamisme de la sculpture jusqu’au présent inconnu. Son style chevauche la tradition des sculptures tchèques ou bavariennes et on y retrouve une influence du baroque italien. On ressent que l’artiste a été proche des oeuvres de l’époque de la Renaissance et qu’il a hérité, en particulier, le style de Lorenzo Bernini et de Michel-Ange. On y retrouve aussi l’influence de l’art gothique, des traditions de la boiserie ukrainienne et même des arts byzantins. En même temps, l’artiste ne restera pas enfermé dans ce cadre, il dépassera ses précurseurs en créant un tout nouveau baroque expressif.

Nous n’avons pas beaucoup d’éléments nous permettant de retracer sa bibliographie exacte. Il en existe trois versions : la première « patriotique » dit que l’artiste ukrainien ou polonais revenait, comme Grigoriy Skovoroda, sur ses terres natales après plusieurs années de voyages ; la deuxième « germano-tchèque » considère que Pinsel, originaire de Bohème, de la Bavière ou de Suisse, cherchant à s’instruire, part en Italie et après, pour des raisons que nous ne connaissons pas, s’installe en Galicie ; la troisième « italienne », dans laquelle Pinsel florentin ou vénitien entreprend un voyage à travers Vienne, Munich et Prague jusqu’à Lviv. Mais ce ne sont que des hypothèses.

Les plus grandes collections des oeuvres du Maître se trouvent au Musée des Arts Sacrés de Pinsel (Lviv, 2 place Mytna) et au Musée régional de Ternopil  (Тernopil, 3 place Mystetztv), mais aussi à Ivano-Frankivsk, dans les fonds du Musée national de Lviv et dans le Musée National de Bavière.

Johann Georg Pinsel reste une énigme. C’est l’avenir qui nous dévoilera ses secrets. Aujourd’hui ce sont ses oeuvres qui témoignent. Sur l’épaule de sa « Allégorie du Courage » nous découvrons un portre-masque plein de tragédie dramatique. Si nous nous basons sur les traditions des artistes de la Renaissance où les auteurs introduisaient leurs propres traits dans leurs oeuvres, nous pouvons supposer que le Maître nous a laissé son image.

Julia LEV,

d’après les récits de Volodymyr Moroz, sources :  www.risu.org.ua