Anne de Kyïv, Reine de France

Evangéliaire ruthène de Reims

A compter de 1059 et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les rois de France, en accédant au trône prêtaient serment sur un très ancien Evangéliaire ruthène*, écrit en écritures cyrillique et glagolitique. Il s’agit de l’Evangéliaire de Reims, un des plus anciens documents de la langue littéraire ruthène, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris. C’est Anne, la fille du Grand-Prince de Kyïv, Yaroslav le Sage, petite-fille de Volodymyr le Grand, qui a instauré officiellement le christianisme dans la Rous’ Kiévienne (Ukraine d’aujourd’hui), qui a amené cet évangéliaire avec elle en France en 1049. (des compléments d’information ont été apportés par les lecteurs, voir les commentaires ci-après).

Anne de Kyïv, Reine de France

Mais avant, un peu d’histoire.

La date exacte de la naissance d’Anne est inconnue. Dans la «Chronique des années écoulées », il n’y a aucun renseignement sur les filles de Yaroslav et d’Ingegerd (Irène) son épouse. Les anciennes chroniques ruthènes informent peu sur les femmes, même les plus nobles. Le nom d’Anna Yaroslavna est surtout connu d’après les chroniques françaises.

Nous connaissons aussi le destin de ses deux soeurs par des sources étrangères : sur l’aînée, Anastasia, épouse du roi de Hongrie, André Ier et sur l’autre, Elisabeth, épouse du célèbre viking norvégien, le conquérant Harald Hardrod qui devint roi de Norvège.

Kyïv et le baptême de la Rous’

Anne serait née à Kyïv, selon certaines sources vers 1024, 1032 ou en 1036. L’enfance et l’adolescence dAnne se sont déroulées à Kyïv, une ville grande et riche dès cette époque.

Le chroniqueur allemand Tietmar de Merzebourg décrivant les événements de l’année 1018 en Rous’ Kiévienne, écrit à propos de Kyïv : «  Dans cette grande ville qui est la capitale du royaume on compte plus de 400 églises et 8 grands marchés.»

Une pièce d’argent de Yaroslav, représentant le Trident, blason de l’Ukraine

La Rous’ (Ruthénie) Kiévienne, sous les règnes de Volodymyr et de Yaroslav, était devenue un Etat puissant avec lequel comptaient Byzance, l’empire Germanique et les royaumes Scandinaves.

Après la mort de son frère Mstyslav en 1036, Yaroslav le Sage devint « l’unique dirigeant de la terre rous’ ».

Sur l’un,des murs de la cathédrale Sainte Sophie de Kyïv, construite sous le règne de Yaroslav, il y a une fresque représentant Anne avec sa mère la princesse Ingegerd et ses soeurs aînées.

Anne de Kyïv était une femme instruite.

Après la mort de son épouse Mathilde de Frise, Henri Ier chercha à contracter un nouveau mariage, mais l’Allemagne, dont la famille était selon lui son seul espoir, lui était interdite, car l’alliance était assimilée par l’Église à la parenté, et toutes les cousines de la reine morte, jusqu’au septième degré, étaient interdites au malheureux veuf. Sur le conseil de son beau-frère Baudouin, il envoya dès 1045 des observateurs de confiance dans tous les royaumes d’Orient, qu’il chargea de lui signaler toutes les princesses à marier dont ils pourraient entendre parler dans ces lointaines contrées.

Pendant quatre ans, Henri attendit qu’on lui signalât une fiancée possible, car toutes les princesses dont on lui parlait étaient peu ou prou ses parentes. Son humeur s’en trouva modifiée : il devint coléreux et méchant, même avec ses concubines, et lorsqu’elles manifestaient un désir de tendresse, « il faisait l’agacé, nous dit un chroniqueur, et les battait durement ». Elles finirent par s’enfuir du palais, laissant le roi déçu, amer et sans consolation. En avril 1049, l’un de ses informateurs lui révéla que le grand-duc Iaroslav Vladimirovitch, qui régnait à Kiev, avait une fille prénommée Anne, qui n’avait aucun lien de parenté avec Henri et qui était, en outre, d’une beauté ravissante. La future épouse du roi ne manquait pas de patronymes, puisqu’on la connaît sous les noms d’Anne de Kiev, Anne de Russie, Anne de Ruthénie, Anne d’Ukraine et quelques autres.

Anne de Kyïv

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* Le nom de Ruthène provient du mot grec Roussyn désignant une personne qui habite la Rous’, c’est-à-dire les territoires du Prince de Kyïv au Moyen Âge; les Ruthènes furent appelés Roussènes puis Russiens

L’église de Saint-Serge de Radonège, îlot slave à Paris

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Tout près du Parc des Buttes Chaumont du 19e arrondissement de Paris, cachée derrière une grille, au n°93 de la rue de Crimée, se trouve l’église orthodoxe de la tradition russe de Saint-Serge de Radonège (Patriarcat de Constantinople).

Cette ancienne église luthérienne allemande confisquée pendant la 1ère guerre mondiale puis mise aux enchères, a été rachetée par l’immigration russe le 18 juillet 1924, jour de la fête de Saint Serge de Radonège. La Cathédrale Saint-Alexandre Nevsky, qui a été déjà construite dans le 17e arrondissement à Paris, ne suffisait plus à contenir le nombre grandissant de migrants chassées de ses terres par la révolution 1917.

Un an plus tard, ici a été fondé aussi l’Institut de Théologie Orthodoxe portant le même nom de Saint-Serge de Radonège.

Ainsi, Paris de l’entre-deux-guerres est devenu une terre d’accueil de notre orthodoxie.

Aujourd’hui, la paroisse de Saint Serge réunie des représentants des différentes nationalités : français, russes, ukrainiens, serbes, grecs, polonais, moldaves …

 

Pour découvrir la beauté du rite Orthodoxe en slavon, venez le dimanche, jour de la Liturgie. Bien entendu, sans oublier de respecter l’endroit et le déroulement de l’Office. A la fin de la Liturgie, si vous avez des questions, vous allez pouvoir discuter avec des paroissiens. Il est fort probable qu’ils vous inviteront à prendre une tasse de thé traditionnel.

Il est à noter également qu’une librairie multilingue est ouverte.

Plus d’information : http://paroissestserge.free.fr

Icônes et iconostases 

Julia LEV